Les fêtes de fin d’année sont déjà passées et après cette trêve des confiseurs, il est temps de se plonger dans le souvenir des services, le noël du service d’Athos….la plupart des collectivités publiques ont leur traditionnel sapin de noël juste avant les congés de fin d’année. De la machine à café, on se réunit autour de l’arbre plus ou moins joliment décoré, symptôme de la santé économique du service.

N’hésitez pas à commenter et à raconter votre propre expérience, après tout il serait utile de savoir comment se cristallisent les relations professionnelles lors de cet événement crucial, un peu comme les fêtes de famille où toutes les rancoeurs peuvent soudain surgir. Sous des air de Festen

Une de mes clientes a été privée de sapin de noël cette année, ses enfants surtout: son interdiction de séjour lui a été notifiée par voie d’huissier, mesure de suspension immédiate précisant bien « surtout ne vous présentez pas au sapin de noël avec vos enfants », tout ça parce qu’elle avait fait état près d’un an auparavant de pensées suicidaires liées à une souffrance au travail et que ses collègues l’ont immédiatement dénoncée comme étant atteinte sur le plan psychiatrique et ayant manifesté l’idée de venir dans le service pour leur tirer dessus…un peu comme Charlie Hebdo.  Et puis cette cliente est d’origine maghrébine. Et puis un cadre avait été assassiné dans cet établissement public à la suite d’un grave harcèlement moral. Alors de là à faire feu de tout bois…La magie de noël.

Espérons qu’en 2016 les esprits seront plus sereins et qu’un peu d’humanisme sera réinsufflé dans les relations professionnelles; L’enfer, ce n’est pas toujours les autres, si tant est qu’on apprenne à les connaître. Alors pour l’heure, rions des aventures d’Athos et personnellement j’ai hâte de lire la galette des rois! Finalement, ces petites traditions donnent des choses à se raconter…

sapin de noël

L’esprit de Noël

Comme chaque mois de décembre, Brigitte n’a pas voulu manquer la belle occasion que représentent les fêtes de fin d’année pour insuffler « l’esprit de Noël » dans le service. Tous les ans, après le déjeuner de fête de la cantine et ses pommes dauphine, elle nous organise un désormais traditionnel « sapin surprise » dans le service. L’occasion parfaite de se retrouver piégés pour « un moment de convivialité » entre papillotes et mandarines, autour d’un sapin dépressif cerné de cadeaux anonymes.

 Chaque personne du service est chargée de ramener un cadeau d’environ 5 euros qui fera le bonheur d’un collègue qui le tirera au sort le jour J. Une pratique éculée donc, mais que Brigitte semble redécouvrir avec bonheur tous les ans. Et de manière générale, on ne contrarie pas Brigitte notre reine incontestée du ragot, et encore moins depuis que l’on peut admirer son obstination à vouloir transformer Jo le Grinch en un joyeux lutin. Une telle motivation, ça se respecte !

 L’an dernier, la tradition a tourné au grand « Qui n’en veut » avec une hotte du Père Noël pleine de cadeaux dignes d’un vide grenier de Broucouille-les-Foins. Au choix :  un cactus à paillettes, une chaussette de Noël, un bon d’achat chez le traiteur chinois de la rue, un slip comestible, des boites de Tic-Tac, un bonnet de piscine, un lot de revues Femme actuelle périmé (enfin vintage), un serre-tête à cornes de rêne, un rouge à lèvre orange, une poupée russe, une vieille affiche « le chat noir », un assortiment de stylo Bic, un rubik’S cube défraichi, une carte du monde, un serre-tête, …

 Autant dire que cette année, on est en droit de se demander : quels cadeaux vont réapparaitre au pied du sapin ? Et surtout, y aura-t-il un nouveau slip dans la hotte ?

 J’avais eu l’immense honneur-horreur de recevoir le rouge à lèvre orange, assorti à la perfection avec la table en formica de la cantine. Par chance, Christine et son sens inné de l’esthétique avaient bien voulu échanger cet orange à lèvre importable contre le Rubik’s cube. Depuis, un an je me défoule donc sur mon casse-tête coloré chaque fois que j’hérite d’une nouvelle mission « transversale ». Autant dire que je suis devenue douée.

 –        Vous avez acheté quoi comme cadeau cette année ?

Sous l’épine attentive du cactus pailleté qui trône depuis bientôt un an au secrétariat, Marie-Flo s’assure entre deux dépôts de parapheur que les surprises de l’année ne vont pas terrasser Patrick. Notre pauvre Highlander avait en effet mal vécu le cadeau slip et surtout les suggestions un brin grivoises qui s’en étaient suivies, transformant le « sapin surprise » en « sapin coquin ». Porte-clés tour Eiffel et autres mugs sont donc fortement suggérés par Marie-Flo pour éviter que Patrick ne s’étouffe au pied du sapin en découvrant une récidive du slip et n’ait à se fendre d’un rappel aux agents sur les « cadeaux appropriés »  dont le slip ne fait a priori pas partie.

 L’ambiance de Noël gagne à petits pas le service, des guirlandes aux escapades vin-chaud de Michel. Et tandis que je gagne le droit de reprendre mon parapheur après avoir rassuré Marie-Flo sur mon cadeau surprise, je l’entends. A cette minute-là de l’année, je sais que le compte à rebours est officiellement lancé. Il règne dans le couloir un air de flocons de neige, de pull à tête de rêne, de soirées au chalet, de fondue et… de laque. “Last Christmas, I gave you my heart and the very next day, you gave it away…” Wham est de retour dans le bureau de Christine. C’est aussi ça l’esprit de Noël !