Le 10 septembre 2015, nous avons reçu Gérard CAGNA, chef étoilé et défenseur des commis victimes de violence en cuisine, Jean-Paul BRANLARD, maître de conférence et auteur de nombreux ouvrages sur la gastronomie et le droit, enfin Florence HENNEQUIN, violoncelliste.
Nous avons réalisé un film de quelques minutes, grâce au talent de Patrice BARLETTA et nous aurions tellement aimé tout montrer de ce moment rare et inédit, tant la richesse et l’humanisme des invités nous ont touchés. Sauf que 6h de film, c’était un gros budget et finalement, ces quelques minutes résonnent comme un beau souvenir que nous gardons dans nos papilles comme une magnifique rencontre humaine et professionnelle.
La présence du directeur de la rédaction des Affiches parisiennes et le professionnalisme de Sophie BELMONT, journaliste, ont permis à cet événement d’être diffusé plus largement et de mettre en avant le talent et le combat des intervenants, je leur exprime toute ma gratitude pour l’intérêt qu’ils ont porté à ce projet.
Théâtre de la gourmandise au salon littéraire Armide – Extrait Temps libre Affiches parisiennes – Edition du 23 au 25 septembre 2015 – N°76
Le Monde du Droit s’est aussi fait l’écho de cette formidable aventure dans sa une du 30 septembre 2015, au milieu de l’actualité juridique et autres brèves, baignant ainsi de culture une matière que l’on imagine très technique.
Mais ce que le film ou la presse ne montrent pas et que l’histoire ne nous dit pas, ce sont les secrets de cet événement, sa genèse, comment il a pu exister….Quelques heures de partage pour des semaines de préparation, de stress, d’imprévu mais surtout de passion, de belles rencontres et d’éthique, en référence à de grands hommes, en présence de personnes exceptionnelles…
Alors voici les coulisses du 10 septembre, avec tous mes remerciements pour les trois acteurs qui en ont fait la magie ainsi qu’au réalisateur Patrice, à Sophie journaliste pour son immense soutien, à mes collaborateurs Juliette et Tom pour leur patience et dévouement et à nos invités sans qui toute cette petite folie et révolution au sein d’Armide n’aurait pas pu voir le jour.
J’ai créé les salons littéraires d’Armide en 2014, dans le cadre d’un projet plus global intitulé La Culture du Droit, en souvenir du Professeur Christian Atias et d’un colloque qu’il avait organisé, alors que j’étais encore son étudiante, il y a environ 15 ans. En partenariat avec la revue Dalloz, nous avions étudié les chroniques doctrinales de différents auteurs à la fin du 19e siècle publiant dans la célèbre revue, pour les comparer à des chroniques plus contemporaines. L’idée de notre professeur était de démontrer à quel point la culture disparaissait du droit. Les publications anciennes étaient empreintes de références riches et diverses à la philosophie, la littérature, la sociologie, l’actualité ou l’histoire…en bref, les auteurs, avocats, juges ou professeurs, étaient aussi des hommes de lettre et leur position courageuse, engagée et très intellectuelle.
Le droit, au-delà de son simple apprentissage universitaire, est avant tout rhétorique, écrit, démonstration, il puise son essence dans tout ce « métissage culturel ». En souvenir de ce colloque et de ce grand homme, humaniste et philosophe avant même d’être un grand juriste, c’est pour honorer sa mémoire et celle de tous ces auteurs que j’ai décidé de reconstituer les salons littéraires du 19 siècle, au sein de notre cabinet.
Après une première expérience avec le Dr Marie-France HIRIGOYEN et l’auteur/fonctionnaire Zoé SHEPARD en février 2014, il fallait trouver un nouveau sujet.
En décembre 2014, peu avant les fêtes, j’ai reçu l’annonce de la publication d’un ouvrage, La Table et le Droit. Intriguée par ce sujet, les sens en alerte, j’ai commandé le livre et découvert l’univers de Jean-Paul BRANLARD, poétique, philosophique, technique, un vrai voyage dans le temps et l’histoire du droit gastronomique… Un univers que j’ai eu immédiatement envie de partager…qui dit cuisine, dit forcément partage.
J’ai contacté M. BRANLARD pour lui présenter le projet et c’est avec beaucoup d’enthousiasme, sa joie faisant la mienne, qu’il a accepté d’être interviewé.
En parallèle et au cours d’une conversation professionnelle avec Sophie BELMONT, journaliste, j’ai évoqué ce projet un peu fou d’organiser un immense déjeuner conçu par un chef engagé pour écouter les histoires fascinantes de mon auteur, sur fond de violoncelle, un instrument besogneux et d’une beauté ennivrante. Sophie a montré un intérêt personnel immédiat pour le projet et m’a beaucoup aidée à trouver un intervenant susceptible d’être intéressé. Par son intermédiaire et durant de longues semaines, nous avons contacté et cherché un chef. Certains illustres noms étaient intéressés mais peu disponibles pour des questions d’agenda et plus le temps passait, plus je perdais espoir de dégager le temps nécessaire à l’organisation de ce salon.
Jusqu’au jour où grâce à une connaissance de Juliette, mon assistante, Gérard CAGNA m’a contactée, peu avant l’événement en disant qu’il arrivait le lendemain pour prendre possession des lieux et trouver une idée. Il est arrivé dans notre vie professionnelle comme un ange engagé, une tornade, un « pragmatique allumé » et a tout retourné en quelques instants, le canapé, les ustensiles, les fauteuils… avec des idées et une vraie passion pour le projet.
J’ai déjeuné avec M. BRANLARD pour poser les contours de l’interview et découvert un auteur et conteur absolument passionnant que j’aurais pu écouter des heures…Nous avons avec Florence, violoncelliste, réfléchi à ce qui pouvait être joué, en fonction du thème choisi, tout paraissait prêt, le menu établi, les ingrédients réservés, il ne restait qu’à entrer en cuisine…
Je passe outre les détails matériels de réservation de matériel, de déplacement de meubles et le travail de fourmi que nous avons réalisé avec mes collaborateurs pour mettre la scène en place….Toutes mes excuses aux clients que nous avons laissés en suspens durant la semaine de l’organisation, sans dommage procédural bien sûr, difficile de porter l’étendard et de rester pragmatique dans la réalité économique de la gestion d’une étude.
Mais attardons nous plutôt en images sur la préparation du menu, le bal des saveurs, le talent de notre Chef et de sa seconde Eloïse qui est aussi une grande chanteuse lyrique, la fourmilière qu’est devenue Armide en 48h, avec l’honneur de la présence pressée mais remarquée de Gilles MARCHAL, Chef pâtissier….ce n’est pas tous les jours que nous avons la chance de rencontrer des personnes qui ont fait de leur métier une passion et un art et surtout surtout, de les voir travailler avec minutie, rigueur et maitrise.
Voici la galerie de photos des coulisses, de la scène avant le lever de rideau et du déjeuner fou que nous avons partagé….Nous sommes avant tout un cabinet d’avocat mais l’espace d’une journée, nous sommes devenus un théâtre d’improvisation, oasis préservée et moment de grâce dans nos vies professionnelles respectives…la leçon du jour, prendre le temps, même si notre agenda a ensuite été surchargé de longues semaines, de cultiver cette magie pour réenchanter le monde du travail…