Après des semaines de préparation, Athos, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, part en mission pour le « rayonnement de la France »…pour quelle mission, finalement on ne sait pas trop mais ce qui importe c’est d’assurer le SAV des élus. En fait, pour un attaché territorial français, on n’imagine pas combien il est important de savoir parler anglais. C’est là que l’on se rend compte à quel point les équipes administratives en place assurent le back up des têtes d’affiche. Une belle leçon de compréhension du fonctionnement d’un service public local. A bon entendeur en période électorale, les élus changent mais les équipes, en pleine connaissance des contraintes fonctionnelles restent…De la confrontation entre l’idéal politique/le programme et l’exécution opérationnelle…

Rayonner ou ne pas rayonner ? Telle est la question.

 

Il était une fois, sur une planète bleue, un pays peuplé d’irréductibles habitants qui cultivaient des « particularités »….

Car, comment débuter autrement pour expliquer ce qu’est la politique du « rayonnement français », ce je-ne-sais-quoi qui installe à la même table Victor Hugo et Coco Chanel, chantant La vie en rose autour d’une blanquette de veau ?

Le rayonnement de la France, c’est la promotion de la langue de Molière avec la francophonie ; c’est le partage de valeurs portées par les droits de l’homme ; c’est une diplomatie importante sur la scène mondiale ; c’est la diffusion d’un art de vivre, d’une culture. Le rayonnement français, c’est un discours phare à l’ONU, une boulangerie à Hong-Kong et Mireille Mathieu en concert à Moscou.

Certains ambassadeurs de cet esprit français ont été grandioses, lyriques, inoubliables et portent beau la « cause France ». Mais, nous on part au Farghestan, et je pense en toute modestie que pour cette mission, on ne devrait pas marquer l’Histoire, ou alors vraiment, ce sera un acte manqué.

 « Vous êtes prêts, vous avez tout, rien oublié?  Passeports, valises, billets d’avion ? Alors, Voyage-Voyage ! »

Roissy, 14 heures : ma bombonne de laque préférée a tenu à nous emmener à l’aéroport avec la voiture de service. Une mission qui démarre donc en toute discrétion au son de Desirless, après 15 jours de préparatifs qui ont manqué m’achever.

–        Bob :

Notre digne responsable de l’international a retrouvé in extremis son passeport, qui, il faut bien le dire, ne lui sert pas à grand-chose pour ses vacances tous les étés dans les gorges du Pouchelon.

Sur les conseils avisés de Patrick, il a entrepris de « réviser » ses bases en anglais et nous sommes désormais tous au courant que « the umbrella is in the kitchen ». Si on a de la chance, il pleuvra pendant la mission et on aura justement mis le parapluie dans la cuisine de l’hôtel et là, Bob pourra avoir l’air bilingue. Mais, il faudra vraiment que l’on ait de la chance…

–        Jérémy :

Dracula s’est pris pour Jean-Christophe Victor en nous refaisant tous les jours une session du Dessous des cartes, afin de bien marquer ses compétences incomparables sur la géopolitique de la région. Et tant qu’à étaler ses connaissances, on a eu l’assurance de son incroyable niveau d’anglais grâce à la liste complète de ses séjours linguistiques chez nos amis anglophones depuis sa classe de 4ème D.

Au milieu de ces préparatifs, et sachant de mon côté, où en étaient mon niveau d’anglais et mon passeport, j’aurais pu être désœuvrée mais… non. La chargée de projet que je suis, a préparé cette belle mission, soutenue par Marie-Flo, des réservations aux power point en passant par la liste des adresses utiles et toutes les recommandations diverses et variées issues de Patrick : on pense à prendre les dossiers de la mission, on évite le retour avec Europ-Assistance, on garde le numéro de l’ambassade sur soi en cas de problème, on rayonne et on fait honneur à la France, et donc si possible, on fait en sorte que Bob reste alerte et fringant.

Un gros brainstorming s’est donc mis en place autour du bureau de Marie-Flo, pour élaborer le « plan Sobriété » afin d’éviter que Bob ne reprenne son format « l’éponge » pendant la mission. Pour Karine, une solution : de l’action (beaucoup) et du café qui sauve tout ! Notre jeune maman active qui court entre crèche, bureau, pédiatre, Monoprix, et qui réussit malgré tout à rendre des dossiers impeccables, mise tout sur la caféine depuis un an. Le plan consiste à occuper Bob en permanence : réunions, entretiens, serrements de mains, rencontres avec les locaux, visites, … Rien ne lui sera épargné de l’artisanat local, aux visites de chantiers en passant par une dégustation de kloug ou de gloubi-boulga. Son seul salut devra être une tasse de café pour s’en remettre. J’ai envie d’y croire, sauf que l’on va au Farghestan, et pas en Colombie. Le café, ce n’est pas vraiment la spécialité locale, mais… ça se tente. D’ailleurs, le fonctionnement même de notre service repose sur des « je t’assure ça se tente », alors…

Les portes automatiques de l’aéroport s’ouvrent devant nous. Dans un mouvement parfaitement symétrique, Bob et Dracula se redressent et bombent le torse, investis simultanément dans l’air de Roissy de leur haute importance de représentants de l’Etat. Dupont et Dupond. Le rayonnement est en route…