C’est la rentrée des classes dans le service d’Athos: Brigitte est rentrée de sa plage, les habitués reprennent leur routine mais comme dans chaque établissement scolaire, l’équipe en place voit arriver les nouveaux, du fait des mutations volontaires ou forcées, susceptibles de redonner de l’espoir dans le service ou au contraire de plomber complètement un équilibre difficilement acquis.

Sur recommandation de l’auteur et avant de se plonger dans le souk des échanges de champions, une petite précision:

Les personnages sont imaginaires : toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite (et inquiétante).

Les situations sont imaginaires et toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé serait purement fortuite (et là aussi inquiétante).

 

Scène 2: Le mercato des champions

 

Septembre installé, octobre aux aguets, il est temps pour le service de reprendre une activité normale et surtout de guetter l’arrivée des nouveaux.

Car qui dit rentrée, dit mercato des chefs. Comme les clubs de foot, on se prête et on s’échange nos « champions ». L’an dernier, on a récupéré Jo, de son vrai nom Jean-Pierre mais rebaptisé vite fait « Jo » en hommage aux Dalton, après constat flagrant qu’il était à la fois imbécile et méchant (et Jo-Averell c’était bien trop long).

Cette année, nous devrions donc être relativement épargnés. Comme dit l’adage : « la foudre ne frappe jamais deux fois au même endroit ». En tout cas pas tous les ans. Enfin, on espère…

Notre service est l’équivalent de l’armée mexicaine. On a un directeur qui gère trois directeurs adjoints dont Jo et le nouveau à venir, chacun soutenu par un adjoint et tout le reste du service réparti en rédacteurs, chargés de missions, chargés d’on-ne-sait-pas-trop-quoi-et-eux-même-ils-ne-le-savent-pas, assistants, secrétaires, contractuels, stagiaires, touristes,…

Je fais partie de cette incroyable caste administrative des « chargés de ». Mais, moi je suis chargée de récupérer tous les dossiers dont personne ne veut et dont personne ne sait quoi faire non plus. Je suis pigiste, communicante, funambule, pompier, montreur d’ours, charmeur de serpent. Je m’adapte. Je suis ultra polyvalente, je suis « Athos 9″ pour les connaisseurs (et pour les autres, l’équivalent du remplaçant de la patrouille de France). Inutile de préciser qu’Athos a remplacé mon prénom d’état civil dans le service mais j’estime m’en sortir bien mieux que « Jo »!

Par chance, je ne suis pas rattachée à ce grand imbécile, mais à Christine, échappée directement des années 80, et qui en a gardé une attirance jamais reniée pour le fluo et la laque dans les cheveux. Cette vraie passion capillaire lui permet surement de garantir la moitié des ventes du stock sur Paris. Mais néanmoins, ce n’est pas sans causer quelques troubles dans le service : Asthmatiques : il est fortement déconseillé de pénétrer dans son bureau sans ventoline à portée de main…  (Cristina Cordula est aussi interdite d’accès sous peine de faire une crise d’apoplexie). Mais en dehors d’un style redoutable (et redouté des daltoniens), elle a le mérite de comprendre les sujets dont on parle (ah les petits bonheurs de la vie!). On ne révolutionne certes pas le pays (surtout pas) mais comparée à mon supérieur précédent qui trainait des post-it antisèches dans toutes les réunions pour se rappeler de quoi on parlait, je lui reconnais ce vrai plus.

Évidemment, le service est parfaitement tenu par Marie-Flo, notre secrétaire qui maintient tout en ordre, et par une intervention certainement divine qui nous a dotés de Patrick! Notre Directeur Patrick ; Patrick le valeureux qui croit encore au service public ; Patrick le preux qui garde la foi tout en ayant Jocelyne dans son service qui fait la sieste sur la moquette l’après-midi. Ah… Patrick…. En poste parmi nous depuis 3 ans, la crainte est évidemment que l’administration ne décide de faire tourner cette perle. Il faut dire qu’il cumule les dons : il sait manager, il comprend les enjeux, il tient les délais. Il n’en reste peut être qu’un, c’est peut-être notre Highlander à nous.

Alors le mercato, c’est important ! Après Highlander, Jo et Christine, qui pour rejoindre cette fabuleuse équipe ? Et après des jours d’attente entre fausses frayeurs et pronostics autour de notre puit collectif –la machine à café en fait-, le verdict du mercato est tombé. Nous avons donc récupéré notre champion millésimé et presque inoffensif : Michel. Plus connu chez nous sous le nom de « Bob l’éponge »,  il n’a en effet pas dérogé à sa réputation et est rentré de son premier déjeuner de présentation bourré comme un cartable le jour de la rentrée. C’est de saison… Attention : Bob n’est pas alcoolique (non, non, non), il est juste dans « une phase difficile de sa vie » (qui selon mes calculs dure depuis 10 ans, soit une phase plus longue que l’adolescence…). Ce ne sera pas la plus grande gloire à mettre au crédit de notre service, mais il s’est au moins abstenu d’envoyer un courrier ce jour-là, ce qui nous a évité un fastidieux travail de récupération.

L’équipe est au complet. Au travail !