Fabrice Drouelle, journaliste radio incontournable de France Inter dont la voix est reconnaissable entre toutes, Fabrice Drouelle au talent de conteur inimitable, raconte chaque jour à 15h une affaire sensible, un scandale d’Etat, un fait divers, un crime ou encore l’histoire d’un film. Ces récits particulièrement documentés dévoilent, à travers le fait divers, l’âme humaine, sur fond d’intrigue qui suspend l’auditeur au moindre de ses mots. S’il travaille avec plusieurs auteurs qu’il ne manque pas de citer, avec l’équipe technique, Fabrice Drouelle contribue personnellement au récit de ces drames.
Affaires sensibles, c’est l’histoire du réel.
Et puis Affaires sensibles vient d’être transposé au théâtre. Parce que Fabrice Drouelle est aussi comédien.
Intrigant. Comment opérer un choix entre toutes ces émissions? Comment raconter chaque histoire, sur scène, sans mise en scène complexe? Le sous-titre « Combats de femme » est dans l’air du temps. Evidemment, en fan absolu de cette émission, après avoir découvert qu’il était possible de voir et ne plus seulement écouter Fabrice Drouelle, nous avons immédiatement réservé une place pour les fauteuils rouges du théâtre Tristan Bernard.
Cette pièce est époustouflante.
C’est l’histoire de trois femmes, représentées, incorporées, habitées par une actrice touchante, forte, courageuse, charismatique comme ses personnages, Clémence Thioly. Elle est tour à tour Pauline Dubuisson, une femme condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité au début des années 50, Edith Cresson, unique femme premier ministre de la 5e République au début des années 90 sous la Présidence de François Mitterrand, et Marie Humbert, la mère de Vincent Humbert, illustrant le combat pour la mort dans la dignité.
Fabrice Drouelle raconte ces femmes, Clémence Thioly les incarne. Dans sa chair, dans sa voix, dans son corps. Le spectateur est projeté dans le temps, dans l’Histoire, dans une vie, dans un drame. La mise en scène est épurée, immaculée, minimaliste, ponctuée d’images d’archives, d’enregistrements sonores…l’émission de radio s’illustre mais garde son âme, on écoute, comme blotti dans un fauteuil vintage, cette voix intemporelle, ces histoires croisées, ces destinées, ces parcours de femmes.
Radio libre.
Pauline Dubuisson a tué son amant par accident, mais c’est son histoire avec les allemands, sa posture de femme libre et déterminée, au lendemain de la guerre, dans une France encore traumatisée par le nazisme et la collaboration, qui sera fermement condamnée. Edith Cresson, femme moderne, forte et courageuse, paiera le prix fort d’une France misogyne tout en cachant humblement le secret de ses engagements et de sa liberté. Enfin Marie Humbert se battra durant des années pour faire vivre son fils et l’aimer au point de le tuer, dans le strict respect de ses décisions et de sa dignité.
La chute est on ne peut plus émouvante. C’est l’histoire du jeune Fabrice, de sa vocation à raconter le réel pour trouver peut-être, la vérité. Un engagement, une passion, un combat, à travers la destinée des autres. Une claque de dignité humaine, de combat pour les Droits de l’Homme, qui arrache une larme de conviction et d’admiration. Au premier rang, proches du public, les deux acteurs se complètent avec force, ils touchent, ils sont engagés. Outre le bonheur de voir son journaliste préféré en réel et si proche, c’est son message humaniste qui reste. Sous les yeux de spectateurs quasi sidérés, lorsque le rideau tombe, les applaudissements timides et admiratifs saluent ce que l’on peut considérer comme une magnifique marque de résistance.
Ce qui résonne le plus, à l’issue de cette pièce? L’héroïsme se tapit souvent dans l’ombre…La voix de Fabrice Drouelle et la force de Clémence Thioly rappellent que chaque individu, à sa mesure, à son échelle, par la force de ses convictions, fait aussi l’Histoire. Humanisme, courage et humilité. Une envie d’amazone…
A voir absolument. Et pour poursuivre ces combats, comprendre notre histoire à travers le réel, rendez-vous tous les jours à 15h sur France Inter ou en podcast.