Athos est agent titulaire d’une administration centrale. Nous suivons ses aventures depuis plus d’une année.

Athos a désormais une copine, et elle nous vient tout droit du secteur hospitalier.

Nous ne lui avons pas encore trouvé de nom, mais son premier écrit laisse entendre qu’il y en aura certainement d’autres alors apprenons à la découvrir. Elle est infirmière ou aide soignante, peut-être médecin aussi mais n’en devinons pas plus. Ecoutons son histoire…

Saluons son courage, sa plume et qui que vous soyez, témoignez…l’humour plus que la détresse doit enfin alerter. J’en profite pour rendre hommage à l’extraordinaire initiative de chaircollaboratice.com qui dénonce le harcèlement sexuel au sein des milieux politiques, un phénomène bien connu, traité encore une fois avec humour. Au final? Nous souhaitons toutes et tous stigmatiser les comportements déviants, harcèlement sexuel ou moral et que l’humour soit tourné contre les auteurs et pas, avec cynisme, discrimination et mépris, contre les victimes. Mais plus que l’humour, il faudrait des sanction exemplaires pour que cessent, enfin, ces attitudes intolérables.

Quand on voit combien les anecdotes sont nombreuses et combien sont les gens qui les suivent, cela laisse songeur sur la fréquence de ces pratiques….il ne faut jamais tolérer ni se laisser faire. La dignité ne se négocie pas.

En attendant, voici les aventures de notre agent hospitalier….j’ai hâte de connaître la suite…

Un poisson dans la fonction publique

Le début de la fin.

J-1 15 h Je suis convoquée chez le Chef par la secrétaire dont le téléphone doit dépasser les 1000 degrés lorsqu’elle m’annonce cette (bonne) nouvelle. Enfin, depuis un mois, je comprends plus rien, mais là depuis quelques jours (entre deux enterrements), j’ai l’impression d’émerger d’un mauvais rêve.

18 h Retour à la maison cocon bienveillant où mon homme brave et fort (mon chevalier quoi) m’attend avec son épaule réconfortante et optimiste. – Tu sais, ton chirurgien, il veut juste se la jouer et te montrer qui est le plus fort, la dernière fois qu’ils sont venus manger à la maison, il a pas arrêté de dire que tu étais sa chance- Non je t’assure, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, plein de réunions dans mon dos, les infirmières m’ont prévenue, il se passe quelque chose, et j’ai pas arrêté de te le dire , il est de plus en plus agressif avec moi au boulot – Mais non, ne t’inquiètes pas, tu es stressée

J 0 Arrivée au bloc, sur le tableau de la salle de détente quelques mots écrits au marqueur « mieux vaut avoir un souffle au cœur qu’un buffle au cul « . Divine révélation.

Tout le monde il est gentil, tout le monde il ose pas me parler (sauf les patients, chic alors), tout le monde il me regarde comme la chèvre qui va à l’abattoir.

14h30 SMS de mon chevalier «  tu y vas tout sourire, tenue et maquillage impec, tu es la plus belle, la plus intelligente, tu es quelqu’un de fantastique, … et tu t’en fous des connards « Passage ravalement de façade dans mon bureau.

15 h. La mise à mort. J’entre dans la salle de réunion. Le chirurgien est là , mais pas vraiment « dissocié ». Le chef, en pleine jouissance de son narcissisme.

« Nous avons vu avec Mr X (l’absent dissocié qui est assis à côté de lui). Je n’ai que des retours négatifs sur vous depuis votre retour il y a deux ans. Mais ne restez pas debout, asseyez-vous donc ». STOPPPPP dans ma tête. Grand sourire : « non c’est bon j’ai compris. Dans quel placard vous me mettez ? » Le chef, un peu vexé de ne pas pouvoir me faire la morale « Je ne veux pas vous humilier, mais la meilleure solution est qu’à votre retour de vacances (eh oui, je pars pour deux semaines de congés, sympa, le moment est bien choisi, et mes vacances, elles vont être hyper cool après cela), vous serez affectée …. . Je préfère vous isoler des blocs pour vous éviter des problèmes  (SIC), et vous éviter une humiliation ». Je suis toujours debout, lui s’est assis à côté du chirurgien toujours absent/présent. « Je ne ressens pas d’humiliation. Si c’est tout ce que vous avez à me dire, je vous laisse. J’en ai assez entendu ». Je pars. La réserve fédérale de Kleenex a à peine suffit, et ma consommation de crème, masque, sérum, esthéticienne pendant mes vacances a entamé largement mon budget. Mon forfait téléphonique est illimité, heureusement car j’ai passé 6 à 8 h par jour avec mes amis (avocat, psychiatre, et sans profession juridique ou médicale). Mais avec un dur labeur, je suis revenue travailler quinze jours plus tard encore plus pimpante, et 3 kgs de moins (MERCI Chef, j’ai retrouvé ma ligne de jeune fille, Grâce à vous).

J-41 Déjeuner à la cafeteria avec le nouveau chirurgien arrivé il y a un an.  « Tu sais, ma femme est une femme merveilleuse, Tout le monde l’aime, pourquoi tu ne l’aimes pas. » Je commence à avoir mal au crâne, et plus très faim, c’est quoi ce beens ?  je cauchemarde ou quoi ? Réponse calme et mesurée de ma part « Quand vous êtes venus dîner j’ai été sympa, je lui ai même offert un CD ». Agressivité « Oui mais, en ta présence elle se sent comme une conne » « Pourquoi tu es pas copine avec elle ? » KESAKO  réponse dans le style, l’amitié cela se commande pas, mais si il y a un souci, je peux l’appeler si tu veux, et si tu préfères, on ne se voit plus à l’extérieur «  J’ai vraiment mal au crâne, et l’estomac qui se fait la malle. Un poisson passe et se noie sous mes yeux. « Non, c’est bon ».

J-36 Retour de congrès du chirurgien. Fin d’intervention. Gentil tout plein OUF « Je te paye un café ? il faut que je te parle d’un projet » Re-OUF le poisson s’est remis à nager, et bien non, « tu es joli comme un cœur tu sais » le café a fini froid, comme moi, et heureusement après dix minutes à l’entendre me raconter l’anniversaire de sa mère, je fus sauvée par le gong des consultations.

ENFIN SAUVEE PAR VRAIMENT, car le froid du café a refroidi tous les échanges qui petit à petit sont devenus agressifs.

MAIS CELA JE L’AI COMPRIS APRES. A J0